Reprise de la compétition après l’hiver : Quand ? Comment ? Dans quelles conditions ?
Que l’on soit amateur, pro en national ou international, ou cavalier sur des épreuves club, la saison de concours reprend avec le retour des beaux jours ! Mais comment mettre le cheval dans les meilleures conditions pour cette reprise ? Plusieurs points sont importants à cette période, Thierry Rozier nous les explique.
On ne présente plus Thierry Rozier… Membre de l’Équipe de France, le cavalier s’illustre aussi par sa présence sur les réseaux sociaux et ses nombreux conseils et exercices en vidéo. Nous lui avons posé quelques questions quant à la reprise de la compétition.
Rylife : Premièrement, quelles étapes sont importantes avant le retour sur les terrains de concours ?
Thierry Rozier : La première information importante est de connaître la durée de la pause. Un cheval qui a ralenti son travail pendant une ou deux semaines à cause de mauvais temps ne sera pas dans la même condition physique qu’un cheval arrêté dès novembre. Un jeune cheval va faire un break plus tôt puisque les concours s’arrêtent en septembre, d’autres chevaux vont parfois concourir jusqu’en décembre…
Personnellement je ne fais pas vraiment de break, on est toujours « à l’entretien ». Évidemment, on ne fait pas de compétition et ne saute pas, mais je préserve leur forme physique pour éviter que la reprise ne soit trop violente. Je fais beaucoup de cavalettis, c’est du travail sur le plat pour déjà travailler les réflexes et travailler des muscles qu’on a du mal à faire travailler sur le plat. Je mets des cavalettis à 30-40cm, ce qui est suffisant pour travailler d’autres muscles que sur des exercices de dressage.
Les obstacles sont là pour donner des repères, pour mieux gérer les trajectoires et les distances donc je peux faire ça 3-4 fois par semaine. Souvent sur le plat, les cavaliers d’obstacles s’ennuient, ajouter des petites barres donnent un intérêt au travail. Il devient plus vivant. Il faut essayer de varier énormément. Je fais donc aussi beaucoup de forêts, d’entretien de fond sur les chevaux, de cardio, des points qui se travaillent à l’extérieur de la carrière. J’essaie diu
Rylife : Quelles précautions prendre sur le plan vétérinaire ?
Thierry Rozier : On a un sport onéreux, chacun doit faire avec ses moyens mais je pense que le meilleur vétérinaire c’est le cavalier. Il fait en fonction de ce qu’il a sous lui. J’ai la chance d’avoir des propriétaires avec lesquels je peux appeler les vétérinaires souvent donc on fait souvent des checkups. Là je fais trois semaines de concours donc mes chevaux vont avoir un check up, sans soins, pour savoir comment va le cheval. Mais pour moi, c’est le cavalier qui a le ressenti le plus important. Le vétérinaire, l’ostéopathe, le maréchal sont des maillons essentiels pour la réussite mais chacun à son rôle et il faut bien s’entourer. Je veux que mes chevaux sautent dans le confort donc tout est bien réglé pour que ce soit fait au bon moment et à bon escient.
Rylife : Avez-vous des exercices types que vous conseillez avant la reprise ?
Thierry Rozier : Pas vraiment, parce que ce sont vos chevaux qui parlent de ce dont ils ont besoin selon leur morphologie, leur façon de travailler. S’il faut monter les épaules, on devra mettre des barres en V. Un cheval qui a trop de trajectoire, on va mettre des barres derrière pour casser un peu cet effet avec des barres en mousse. Ça va dépendre d’eux. Après, je fais beaucoup d’enchainements de cavalettis pour tous les chevaux parce que le parcours est le même pour tout le monde. Tous les défauts et les qualités du cheval doivent s’adapter au parcours qui va nous être proposé.
Je mets beaucoup de barres en V ou de pied à mes obstacles parce que j’essaie de ne jamais punir mes chevaux à l’entrainement. Il faut toujours que le saut soit facile et enrichissant. Évidemment, j’ai la chance d’avoir de très bons chevaux. Parce que même si on travaille bien, qu’on fait tout pour bien faire, si nos chevaux n’ont pas d’aptitudes à faire ce qu’on demande, les choses seront plus compliquées. En se basant sur ce qu’ils sont capables de faire, on va optimiser leurs performances. Un cheval qui saute 1m10, je vais faire en sorte qu’il saute 1m10 parfaitement bien. Il faut être régulier et faire un travail toujours dans la catégorie de ce qu’ils sont capables de faire pour ne pas être dans la difficulté mentale.
Rylife : Quels sont les objectifs lors des premières sorties en concours ?
Thierry Rozier : Il faut avoir des objectifs de précision, de régularité de la cadence, de précision de trajectoire et dans les abords. On doit être exigeant sur son travail et celui de ses chevaux. Mais pas une exigence physique, plutôt une exigence mentale. Il faut que les chevaux aient un temps de réaction le plus court possible pour donner le meilleur confort possible pour sauter le parcours.
Après ce ne sont pas des objectifs de résultats sur les premiers concours. Et il ne faut pas vouloir gagner tous les week-ends. Il faut des objectifs dans l’année, bien sûr. Par exemple, pour les jeunes chevaux, viser les finales, pour les juniors, viser un concours qui sélectionne pour l’Equipe de France, pour un amateur viser les championnats de France, etc..
J’ai eu la chance de monter en équipe de France et je savais qu’il y avait trois échéances importantes dans l’année. La première était souvent La Baule, après j’avais souvent un autre concours qui pouvait être un championnat du monde ou un championnat d’Europe, et après un indoor en fin d’année (Paris, Lyon…). Mais c’est impossible d’avoir un objectif de résultats tous les weekends.
Je pense que le programme fait partie des choses les plus importantes de la carrière d’un cheval. Bien sûr, nous, à un moment, nous sommes obligés de gagner pour pouvoir avoir accès aux sélections mais on en a toujours un peu sous le pied à garder pour le jour J.
Si le cavalier se fait un bon programme, qui l’amène à être performant à cette échéance-là, il sera gagnant et le cheval aussi.
Propos recueillis par Mathilde Jager