Comprendre sa respiration et analyser son impact sur le cheval
L’impact de nos corps sur celui du cheval n’est plus à prouver. On a cependant tendance à oublier une partie majeure du travail sur soi : la respiration. Nous sommes allés à la rencontre de Claire Saint-Yves, préparatrice mentale et physique, pour comprendre et analyser les bienfaits du travail de sa respiration sur le cheval.
Pour Claire Saint-Yves, la respiration est le pilier de l’équitation. Mais quand on parle de respiration, il est important de se focaliser sur la respiration abdominale (ou ventrale). Elle explique : « Dans notre société sédentaire, de plus en plus de personnes respirent uniquement avec la poitrine et la cage thoracique. Les poumons peuvent alors moins se développer puisqu’on garde le sternum bloqué. C’est le fait de gonfler le ventre qui permet au sternum et au diaphragme de se soulever, de s’ouvrir et d’avoir la pleine capacité de ses poumons. »
La respiration abdominale est la respiration des nouveaux nés, tout le monde né avec. Le premier objectif est donc de vérifier comment le cavalier respire et de mettre en place cette respiration jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau automatisée afin de mieux gérer ses capacités pulmonaires et avoir de nombreux autres bénéfices.
La respiration abdominale est la respiration des nouveaux nés, tout le monde né avec.
LES BÉNÉFICES POUR LE CAVALIER
La respiration abdominale favorise le bon fonctionnement physique, physiologique mais aussi psychologique. À cheval, elle permet notamment le maintien des postures dans le relâchement. Le cavalier peut fournir un effort musculaire sans tensions inutiles et donc sans lésions. Cette respiration développe aussi les capacités respiratoires et cardiaques, comme notamment la résistance à l’effort, primordiale dans des disciplines comme l’endurance ou le cross.
Au niveau psychologique, elle améliore le fonctionnement du cerveau et, par conséquent, permet d’être plus lucide, d’avoir un meilleur traitement de l’information et un meilleur contrôle de ses émotions. On remarque aussi une amélioration des capacités mémorielles (mémoire des mots, exercices, reprise de dressage ou parcours d’obstacles…) mais aussi la mémoire sensorielle. Le cavalier est alors plus apte à ancrer des ressentis et à reproduire les bons gestes.
Le redressement de la posture devient plus facile en travaillant la respiration abdominale.
BÉNÉFICES POUR LE CHEVAL
Gérer sa propre respiration facilite celle du cheval. Les poumons de ce dernier se situent plus ou moins sous les cuisses du cavalier donc quand le cavalier va être souple dans l’effort, le cheval sera plus fluide également. À l’inverse, un cavalier en apnée et crispé va limiter la capacité respiratoire de son cheval et l’étriquer dans ses mouvements. La respiration du cavalier touche donc à la locomotion du cheval. Elle participe aussi à la préservation de son dos. Si le cavalier n’a pas de liant, il va rebondir dans la selle, taper dans le dos, et être moins bien positionné. « Certains, dans la crispation, vont même avoir des déséquilibres forts et mettre le poids plus d’un coté que de l’autre et donc charger plus le dos, à droite, à gauche, les épaules ou les reins… » explique Claire.
La respiration va également être liée aux émotions du cavalier, et donc à celles du cheval. Plus le cavalier va être relâché, plus le cheval sera détendu.
En résumé, le travail de la respiration participe à la préservation de l’intégrité physique et morale du cheval. Tout est lié, et en encrant les bonnes réponses on augmente la confiance en soi chez le cavalier et renforce alors la relation cheval-cavalier.
Beaucoup de cavaliers se rendent compte qu’ils peuvent transitionner, voir même arrêter leur cheval juste avec leur respiration.
RESPIRATION ABDOMINALE OK… MAIS COMMENT ?
Pour déterminer la façon dont nous respirons, Claire Saint-Yves propose un test simple : mettre une main sur le ventre et une main sur la poitrine, en respirant le plus naturellement possible. Il s’agit alors de déterminer si la personne gonfle le ventre, la poitrine, peut être les deux ? Dans quel ordre ?
Si la respiration abdominale est acquise, il faut alors la conscientiser et l’utiliser dans des moments différents : dans le calme, puis dans l’activité mais dans une situation confortable puis au fur et à mesure vérifier si celle-ci est toujours présente en ajoutant de la difficulté.
Si la respiration ventrale n’est pas acquise, le cavalier doit alors le travailler tous les jours en se forçant à la reproduire de façon mécanique jusqu’à l’automatisation.
Claire Saint-Yves travaille aussi particulièrement sur la cohérence cardiaque. « La cohérence cardiaque va aider à se poser, réduire le stress… Le rythme cardiaque va s’aligner à sa respiration. Quand on maitrise cet exercice, on peut alors maitriser sa respiration et son rythme cardiaque. On va partir sur un cycle dans lequel on va inspirer pendant 5 secondes et expirer pendant 5 secondes. C’est à faire pendant trois minutes, donc six cycles de respiration par minute. »
Une fois cette maitrise acquise en utilisant la capacité maximale d’air dans les poumons, on peut commencer à travailler en selle. Les premiers exercices à tester à cheval sont soit d’allonger l’expiration, soit de dynamiser l’inspiration, soit d’être sur la cohérence cardiaque. On peut ensuite analyser ce que ces changements procurent chez le cheval. « En allongeant l’expiration, je sors toutes mes toxines, mes tensions, mon corps se relâche, les jambes descendent, je baisse donc aussi la tension et le tonus chez mon cheval. Lors de ces exercices, beaucoup de cavaliers se rendent compte qu’ils peuvent transitionner, voir même arrêter leur cheval juste avec leur respiration. On utilise le même principe pour les transitions montantes. Lors de l’inspiration, on va se centrer sur la verticalité du haut du corps et aller vers le haut. Sur l’expiration, les épaules et les jambes se détendent et « tombent ». On s’ancre dans la selle. »
Que la respiration abdominale soit acquise ou pas encore, il est possible d’expérimenter avec ces exercices, afin de mettre en application concrètement l’impact de son corps et de sa respiration sur sa monture pour aspirer toujours à un meilleur bien-être de nos compagnons.
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Mathilde Jager pour Rylife
