3 questions à… Claire Saint-Yves, préparatrice mentale et physique
Rylife : Comment êtes-vous devenue préparatrice mentale et physique ?
Claire Saint-Yves : J’ai toujours aimé les chevaux mais je ne voulais pas travailler dedans. J’ai longtemps hésité à m’orienter vers la psychologie ou vers le sport. J’ai finalement fait mon parcours universitaire en fac de sport. J’ai commencé par une licence entrainement sportif et en 3ème année, on m’a présenté un nouveau master en préparation mentale et coaching. Je me suis rendue compte que c’était le mélange parfait entre deux sujets qui me passionnaient ! J’ai ensuite fait de nombreux stages et travaillé dans les sports collectifs. J’ai notamment participé au titre de champion de France de l’équipe de Waterpolo de Montpellier.
A l’époque, c’était un métier plutôt nouveau donc on était quand même assez autodidacte, nos maitres de stage n’étaient pas préparateurs mentaux. Du coup, j’ai voulu compléter cette formation et j’ai enchainé sur un DU en préparation mentale et psychologie des sportifs. C’est là que je me suis diversifiée dans les sports. J’ai fait du marathon, de l’escalade, du tennis… Mais j’ai toujours eu les chevaux en parallèle, donc j’ai commencé à avoir de plus en plus de demandes de la part de cavaliers. Cependant, je ne pouvais pas les encadrer à cheval. Je les aidais à travailler sur leur personne, mais pour certain, une fois en selle, les émotions du cheval à gérer en plus des leurs les bloquaient. J’ai alors décidé de passer mon BPJEPS pour pouvoir travailler avec le cheval, à pied ou monté. Mon objectif était vraiment de pouvoir encadrer le cavalier avec le cheval si besoin, mais pas de me positionner en tant qu’entraineur.
Maintenant, je suis à mon compte depuis plusieurs années et ne m’occupe plus que de cavaliers !
Rylife : A quel type de cavalier est destinée la préparation mentale et physique ?
C. S.-Y. : Cela s’adresse à tous types de cavaliers. En ce moment, ma cavalière la plus jeune a 8 ans et la plus âgée 63 ans. Je n’ai pas forcément de débutants, mais j’ai des cavaliers de niveau loisir ou des adultes qui montaient plus jeunes et se remettent en selle. Ils ont beaucoup d’appréhension et se rendent compte que leur corps ne fonctionne plus comme avant, qu’ils ont des choses à gérer à côté, le travail, la famille… La prépa mentale travaille toujours sur la vie perso, c’est un tout, mais dans ces cas là on est vraiment sur la personne, son environnement, son travail, même si le but final est toujours d’améliorer son équitation.
Je suis aussi pas mal de cavaliers de compétition. Là par exemple, je viens de travailler pendant plusieurs mois avec une jeune fille qui a été sacrée championne de France en As poney 1 Excellence. C’est ouvert à tous les profils. Je vais bientôt avoir un premier entretien avec un cavalier d’équitation de travail. C’est la première fois que j’ai de la demande dans le milieu camargue. Il vient pour préparer les championnats d’Europe en septembre.
J’ai aussi beaucoup d’élèves avec lesquels on ne fait que du travail à pied et de la liberté, ça va dépendre du profil de chacun.
La préparation physique et mentale n’est pas réservée à une élite ou seulement pour la compétition. C’est pour « performer », mais la performance n’est pas forcément en concours, c’est simplement remplir ses objectifs. On peut être performant tout seul avec son cheval en balade.
Je ne donne pas de solutions, je donne des outils pour que le cavalier trouve ses solutions.
Rylife : Comment se passe une première séance ?
C. S.-Y. : En général on commence par un petit entretien téléphonique parce que la préparation mentale reste un sujet assez abstrait pour beaucoup. On fait souvent l’amalgame avec le psychologue. Je répond donc aux premières questions et si la personne est intéressée on prévoit une séance sous forme d’entretien où la parole est donnée au coaché. Je ne donne pas de solutions, je donne des outils pour que le cavalier trouve ses solutions. C’est un guide.
Cette première séance dure au moins une heure et demie. La personne retrace tout son parcours de cavalier, scolaire ou professionnel et le contexte de sa vie privée. Certaines personnes livrent tout tout de suite, d’autres ont besoin de plus de temps. Tout est basé sur la confiance. Je suis aussi soumise au secret professionnel. Même avec un cavalier mineur, je ne rends pas le contenu des séances aux parents ni au coach. On fait des bilans, des points avec eux mais la séance est un espace privilégié pour s’exprimer.
Suite à l’entretien, je propose toute une batterie de questionnaires scientifiques en psychologie ou autres, soit spécifiques au sport soit plus généraux. Les questionnaires nous permettent de confirmer ce qui ressort des entretiens. En général, je n’ai pas de surprise si la personne est sincère. Une fois le bilan fait, on dégage des hypothèses sur les pistes de travail, les objectifs à long, moyen et court terme. Ensuite je mets en place une programmation d’entrainement.
On travaille par cycle. Un cycle équivaut à une dizaine de séances. On fixe toujours un objectif pour chaque fin de cycle. La récurrence idéale est d’une semaine sur deux pour laisser un temps de maturation, donc environ cinq mois par cycle. Pour les compétiteurs, cela équivaut à une demie saison et permet de faire le point, de réajuster et d’aller jusqu’à l’objectif de fin de saison.
Ce qui est important à savoir, c’est que même lorsqu’on fait des séances à cheval, ce n’est pas un substitue des séances avec le coach, l’idéal est même que le coach soit là de temps en temps car il connait le couple.
En revanche, il peut arriver que lors de la première séance le feeling ne passe pas avec le préparateur. Cela va dépendre de la personne. C’est pour cela que je réalise un entretien « test », et on décide ensuite de travailler ensemble ou non.
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Propos recueillis par Mathilde Jager pour Rylife